Bien qu’elle enregistre régulièrement des taux de croissance à faire pâlir les économies développées occidentales, l’Afrique subsaharienne reste la région qui bénéficie le moins du mouvement de mondialisation à l’oeuvre depuis plusieurs décennies.
La pauvreté y demeure endémique : 34 des 48 pays les moins avancés (PMA) de la planète se situent en Afrique subsaharienne. La forte croissance économique ne suffit pas à répondre à l’explosion démographique du continent qui devrait atteindre 2,5 milliards d’habitants d’ici à 2050 (4 milliards en 2100). La situation sanitaire reste préoccupante : l’épidémie du SIDA n’est toujours pas maîtrisée en Afrique australe où les taux de prévalence se situent encore au dessus des 10% quand le paludisme tue chaque année environ 400000 personnes. Ce mal-développement qui perdure n’est pas sans conséquence : les crises (guerres, terrorisme, piraterie, urgence alimentaire) ne se résorbent pas, une partie importante de la population reste candidate à l’immigration et de nombreux Etats ne survivent que grâce à l’aide publique internationale.
Pourtant l’Afrique subsaharienne ne manque pas de richesses (hydrocarbures, minerais, pierres précieuses, terres agricoles fertiles). Le problème réside en partie dans la mise en place de logiques rentières : les élites africaines s’enrichissent grâce à des exportations de produits faiblement ou pas transformés sans chercher à mettre en place des stratégies économiques qui permettraient une meilleure redistribution. Il n’est donc pas étonnant que la région ne représente qu’environ 1,5% de la production manufacturière mondiale, le secteur industriel étant quasiment inexistant sauf pour l’extraction et l’exportation des matières premières.
Il ne faut cependant pas imaginer que l’Afrique subsaharienne soit en totale léthargie. L’urbanisation galopante transforme les sociétés et fait apparaître de nouveaux besoins. La région a connu un boom dans le secteur des télécommunications (et notamment dans les paiements par téléphones mobiles), des fashion weeks fleurissent, le tourisme se développent et la musique africaine commencent à s’exporter en masse. Les flux d’investissements étrangers, bien qu’orientés principalement sur les ressources, conduisent à une modernisation des infrastructures (routes, ports, voies ferrés, aéroports) qui auront tôt ou tard un effet d’entraînement certain. Deux pays apparaissent comme moteurs : d’un côté, l’Afrique du sud et son économie diversifiée qui agit comme un aimant en Afrique australe, de l’autre, le Nigeria, pays le plus peuplé qui commence à remonter les filières. D’un point de vue institutionnel, deux groupements régionaux tirent leur épingle du jeu en parvenant à structurer un début d’intégration : la CEDEAO et la SADC.
Certains considèrent que l’Afrique subsaharienne sera la prochaine « usine du monde », d’autres estiment qu’elle demeurera encore longtemps la grande oubliée de la mondialisation. Il est impossible de prédire l’avenir mais une chose est sûre, il faudra compter sur cette région qui deviendra avant la fin du siècle la plus peuplée de la planète.
© Christophe Chabert
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