Lutte de pouvoir entre l'Arabie Saoudite et l'Iran

 

L’Arabie saoudite et l’Iran se livrent une lutte de pouvoir féroce pour le contrôle du Moyen-Orient. Riyad se présente comme le défenseur légitime des musulmans sunnites face aux apostats chiites de Téhéran. Comme lors du temps de la guerre froide entre les Etats-Unis et l’Union soviétique, les deux mastodontes régionaux prennent soin de ne jamais entrer en conflit direct, préférant se faire la guerre par pays interposés. En Syrie, l’Iran est un soutien indéfectible de Bachar Al-Assad (chiite alaouite) que l’Arabie saoudite voudrait voir disparaître. En Irak, le gouvernement central de Bagdad reçoit une aide conséquente de Téhéran dans la reprise des territoires sunnites contrôlés par Daesh au grand dam des saoudiens, inquiets de voir s’installer un pouvoir chiite puissant à sa frontière nord-est. Au Yémen, la monarchie wahhabite de Riyad poursuit sa guerre d’usure contre les chiites Houtis qui ont récemment assassinés l’ancien président Ali Abdallah Saleh à Sanaa suite à son étonnant rapprochement avec l’Arabie saoudite (considéré comme une traîtrise). Depuis plusieurs mois, le Qatar a été mis au ban du Conseil de Coopération du Golfe et subit un blocus de la part de ses voisins qui l’accusent d’une trop grande connivence avec l’Iran, l’un de ses principaux partenaires économiques. De peur que Téhéran ne parvienne à réaliser son rêve d’axe chiite lui ouvrant les portes de la méditerranée, une étrange pression diplomatique s’est abattue sur le Liban ces dernières semaines. L’affaire « Saad Hariri », du nom du premier ministre libanais laisse songeur. Ce dernier, « réfugié » en Arabie saoudite annonce sa démission, mettant en cause le trop grand pouvoir du Hezbollah chiite dans son pays. De retour à Beyrouth le jour de la fête nationale après un passage éclair à Paris, Hariri conserve finalement son poste, libéré du « piège saoudien ».  Dans ce bras de fer qui les oppose, les deux puissances régionales peuvent toutes deux compter sur des alliés de taille : les Etats-Unis pour l’Arabie saoudite (Trump a réitéré son soutien et son souhait de revenir sur l’accord nucléaire iranien) et la Russie pour la République Islamique d’Iran. Reste à savoir qui disposera de la meilleure musculature ou du meilleur produit dopant!

 

© Christophe Chabert